Généralisation de la circulation en inter-files : un changement majeur pour les motards
Depuis le 11 janvier 2025, la généralisation de la circulation en inter-files marque une étape significative dans l’adaptation du code de la route aux pratiques des deux et trois-roues motorisés. Ainsi, la France s’aligne avec les pratiques observées dans d’autres pays européens, tels que la Belgique et les Pays-Bas, où la circulation entre les files est déjà encadrée légalement. La mesure vise à améliorer la fluidité du trafic en offrant un cadre légal aux motocyclistes et en posant des règles strictes pour assurer la sécurité de tous.
Qu’est-ce que la circulation en inter-files ?
La CIF (Circulation en Inter-Files) consiste pour les conducteurs de deux ou de trois-roues motorisés à circuler entre deux files de véhicules lorsque la circulation est ralentie ou à l’arrêt. Cette pratique permet aux motocyclistes de fluidifier leur déplacement et ainsi à réduire leur temps de trajet. Entre 2016 et 2021, une expérimentation a été menée dans plusieurs départements français. Cette phase d’expérimentation a permis au CEREMA (Centre d’Études et d’expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement) d’évaluer l’impact de cette pratique sur la sécurité routière. Les résultats ont montré que la circulation en inter-files pouvait être bénéfique, à condition qu’elle soit réglementée et pratiquée de manière responsable.
Les nouvelles règles de circulation en inter-files
C’est le décret n° 2025-33 du 9 janvier 2025 qui encadre les modalités de la CIF. Les principales conditions à respecter sont les suivantes :
Les véhicules concernés
Seuls les deux et trois-roues motorisés d’une largeur maximale d’un mètre sont autorisés à pratiquer la CIF.
Les types de routes autorisées
La CIF est autorisée sur les autoroutes et les routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central, comportant au moins deux voies chacune, avec une vitesse maximale autorisée comprise entre 70 km/h et 130 km/h. Elle est également permise sur les routes où la vitesse a été abaissée localement par décision de l’autorité de police, comme le périphérique parisien par exemple
La vitesse des deux-roues
La vitesse des véhicules en inter-files ne doit pas dépasser 50 km/h. Si l’une des files est à l’arrêt, cette vitesse est limitée à 30 km/h.
Les conditions de circulation
La CIF peut être pratiquée lorsque la circulation est dense et que les véhicules avancent en file ininterrompue à une vitesse inférieure à de 50 km/h. Les conducteurs doivent circuler entre les deux files les plus à gauche de la chaussée.
Les conditions spécifiques
La CIF est interdite sur les voies en travaux ou lorsque la chaussée est enneigée ou verglacée. Les conducteurs doivent signaler leur intention aux autres usagers avant de s’engager en inter-files et doivent reprendre leur place dans le flux normal de circulation lorsque le trafic se fluidifie au-delà de 50 km/h.
Les sanctions
Le non-respect des conditions encadrant la circulation en inter-files est passible d’une contravention de 4ème classe, soit une amende forfaitaire de 135€ et le retrait de 3 points sur le permis de conduire. Cette mesure vise à assurer la sécurité de tous les usagers de la route en encadrant strictement cette pratique.
Les avantages et les limites de la CIF
Quels sont les avantages de l'inter-files ?
La légalisation et l’encadrement de la circulation en inter-files présente plusieurs intérêts :
- Fluidifier le trafic : en permettant aux conducteurs de deux-roues de ne pas rester coincés dans les embouteillages contribue à réduire la congestion urbaine.
- Réduire la pollution : les motos et les scooters passent moins de temps à l’arrêt ce qui limite l’impact écologique de ces derniers.
- Améliorer la sécurité routière : un encadrement strict avec des règles précises contribue à réduire les risques d’accidents liés à des comportements pouvant s’avérer dangereux.
Les risques de la CIF
La circulation en inter-files présente aussi des inconvénients :
- Le risque d’accident : la présence de deux roues entre les files et la proximité entre les motos et les autres véhicules peut surprendre certains conducteurs augmentant ainsi le risque de collisions latérales.
- La difficulté pour appliquer les règles : si la pratique est encadrée légalement, tous les motards ne la maîtrisent pas forcément. Cela nécessite également une sensibilisation et une adaptation des comportements de tous les usagers de la route.
- Une acceptation difficile : certains automobilistes considèrent la circulation en inter-files comme une forme de « passe-droit », ce qui peut augmenter des tensions sur la route.
La généralisation de la circulation inter-files présente des avantages en termes de fluidité du trafic et de réduction des temps de trajet pour les motocyclistes. Toutefois, elle comporte également des défis en matière de sécurité et de cohabitation entre les différents usagers de la route.