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L’abaissement de la vitesse à 30 km/h dans les agglomérations : un changement bénéfique ou contraignant ?

Depuis quelques années, plusieurs villes françaises ont décidé d’abaisser la vitesse maximale autorisée en agglomération à 30 km/h en remplaçant la traditionnelle limitation à 50 km/h. Cette mesure vise à améliorer la sécurité routière, réduire la pollution et favoriser une meilleure cohabitation entre les différents usagers de la route. Cependant, elle suscite aussi de nombreuses critiques, notamment de la part des automobilistes et des professionnels du transport. Quels sont les impacts de cette limitation ? Est-ce une avancée bénéfique ou une contrainte excessive ?

Panneau 30km/H ville

Améliorer la sécurité routière

La principale justification de la limitation à 30 km/h est la sécurité des usagers de la route en particulier les plus vulnérables : les piétons, les conducteurs d’engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) et les cyclistes. Selon les études menées par l’ONISR (Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière) la réduction de la vitesse permettrait de diminuer significativement le nombre et la gravité des accidents.

À 30 km/h, la distance d’arrêt est réduite, et en cas de collision, les conséquences sont bien moins graves. Une personne heurtée par un véhicule roulant à 30 km/h a environ 70 % de chances de survivre, contre seulement 30 % à 50 km/h.

30
en agglomération

Un levier pour la transition écologique

La limitation à 30 km/h s’inscrit également dans une démarche de transition écologique. Réduire la vitesse des véhicules permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre et les particules fines, en particulier dans les centres-villes où la pollution de l’air est un enjeu majeur. À vitesse réduite, les moteurs des véhicules thermiques fonctionnent de manière plus efficiente, ce qui entraîne une consommation moindre de carburant et, par conséquent, une diminution des rejets polluants.

La baisse de la vitesse encourage l’utilisation de modes de transport doux comme le vélo, la marche ou encore les transports en commun. Privilégier d’autres solutions de mobilité que la voiture contribue ainsi à désengorger et à fluidifier le trafic urbain. La pollution sonore est aussi une problématique majeure en milieu urbain. Les véhicules roulant à vitesse réduite produisent moins de bruit, ce qui améliore le confort et la qualité de vie des riverains.

Réduire la vitesse des véhicules permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre

Des contraintes pour les automobilistes et les professionnels

Cependant la mesure reste contestée notamment par certains automobilistes qui dénoncent une entrave à la fluidité du trafic. Certains estiment que rouler à 30 km/h en permanence allonge les temps de trajet, ce qui pourrait générer davantage d’embouteillages et, paradoxalement, augmenter la pollution due aux véhicules immobilisés.

Les professionnels du transport et de la logistique sont également impactés par cette limitation. Pour eux, chaque minute compte et la réduction de la vitesse pourrait entraîner des pertes économiques importantes, notamment dans la livraison de marchandises en ville. De plus, certains usagers pointent du doigt un manque de pédagogie et de clarté dans la signalisation, rendant parfois difficile l’adaptation aux nouvelles limitations.

Conducteur mains volant

Un bilan contrasté mais prometteur

Malgré ces critiques, les premières études menées dans les villes ayant adopté la limitation à 30 km/h montrent des résultats globalement positifs. À Bruxelles, qui a généralisé cette mesure en 2021, une diminution de 25 % des accidents corporels a été observée. En France, les premières données récoltées indiquent également une tendance à la baisse des accidents et une amélioration de la qualité de l’air.

Toutefois, pour que cette transition soit pleinement acceptée et efficace, il est essentiel d’accompagner cette mesure par des campagnes de sensibilisation, des infrastructures adaptées (pistes cyclables ou trottoirs élargis par exemple) et une signalisation plus claire. La réussite de cette politique repose également sur une meilleure concertation avec les citoyens et les acteurs économiques afin de trouver un équilibre entre sécurité, écologie et fluidité du trafic.